Le chef de l’Etat béninois, Thomas Boni Yayi a annoncé mercredi soir le décès de l’ancien président Mathieu Kérékou, qui a gouverné le pays pendant près de 30 ans, dont 19 en tant que putschiste.
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« J’ai le regret et la profonde douleur de vous annoncer la disparition ce mercredi 14 octobre du général président Mathieu Kérékou » , a indiqué dans une déclaration à la presse le président béninois en exercice Thomas Boni Yayi, qui a décrété une semaine de deuil national.
L’ancien chef de l’Etat, qui avait pris l’habitude de porter en public des lunettes fumées, avait quitté le pouvoir en 2006, à l’âge de 72 ans, atteint par la limite d’âge constitutionnelle. Né le 2 septembre 1933 à Kouarfa, dans le nord du Bénin, il est sans doute l’homme politique qui a le plus marqué le Bénin, qu’il a dirigé d’abord comme autocrate militaro-marxiste avant d’accepter la démocratie et d’être élu à deux reprises.
Formé à l’École des enfants de troupe de Kati (Mali) et à celle de Saint-Louis (Sénégal), il poursuivra sa formation dans la France coloniale de l’époque, notamment à l’École militaire de Fréjus et à l’École d’état-major de Paris. Puis il devient aide de camp du premier président du Dahomey à l’indépendance, Hubert Maga (1960-1963).
Régime marxiste-léniniste
Quand à la fin de 1967, le président Christophe Soglo (l’oncle du futur président Nicéphore Soglo) est renversé, Kérékou dirige le Comité militaire révolutionnaire en charge de la supervision du gouvernement. Il rend le pouvoir aux civils, l’instabilité politique continuant (il y a quatre coups d’État dans les années 1960), il prend le pouvoir en 1972 par un putsch, renversant le président Justin Ahomadegbé. Il est alors chef d’état-major adjoint de l’armée et installe un régime marxiste-léniniste qui sera vite honni par la population. En 1975, il proclame la République populaire du Bénin et impose la chemise à col Mao. Il ira même jusqu’à interdire le vaudou.
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Mais en décembre 1989, confronté à une grave crise économique et à une forte contestation sociale, il renonce à l’idéologie marxiste. Il convoque en février suivant une conférence nationale, rassemblant opposants et représentants de la société civile, la toute première d’une longue série en Afrique.
Rusé, il y reconnaît publiquement ses erreurs, adopte un profil bas et se soumet à toutes les décisions de l’assemblée, acceptant pour finir l’installation d’un gouvernement de transition avec pour Premier ministre Nicéphore Soglo, ancien haut fonctionnaire à la Banque mondiale.
Traversée du désert
Ce dernier remporte la présidentielle de 1991, battant Kérékou qui se retire de la vie politique. Durant sa traversée du désert, il rejette l’athéisme et devient même pasteur évangélique… Sans renoncer au pouvoir pour autant. En 1996, le retraité revient sur le devant de la scène en remportant la présidentielle avec le soutien de la quasi-totalité des opposants au président Soglo, qui se rallient à sa candidature.
Il est réélu en 2001 à l’issue d’une présidentielle sans véritable enjeux. Le président Boni Yayi lui succèdera en 2006. Mais même retraité, il continuera de peser sur la politique béninoise. Dans l’ombre, mystérieux et hiératique, justifiant jusqu’au bout le surnom que les Béninois lui ont donné : le Caméléon.