L’article publié par le parisien et faisant état de l’ouverture d’une enquête financière visant Alpha Mohamed Condé, fils du président guinéen Alpha Condé, fait grand bruit à Conakry. Elle a mis en branle la stratégie de communication du camp présidentiel qui se bat pour la réélection du candidat Condé. Maintenant, au lieu de chercher à défendre un bilan, les partisans d’Alpha essaient de laver l’honneur du père et du fils dans un contexte où l’économie guinéenne est en récession.
Même si l’opposition n’a pas encore commenté l’affaire (elle est pourtant accusée d’en être l’instigatrice) c’est du pain béni pour elle qui a toujours critiqué la distribution des billets de banques par Alpha Condé récemment à l’intérieur du pays. Aux yeux de plusieurs guinéens, cette enquête ouverte des « chefs d’abus de biens sociaux, blanchiment, corruption, trafic d’influence et détournement de biens publics pour des faits commis sur le territoire français » ouvre une brèche sur l’enrichissement illicite et la dilapidation des ressources de la Guinée par les dirigeants actuels.
D’ailleurs, la Fondation pour la Démocratie et la Gouvernance, par laquelle le malheur est tombé sur la tête de Alpha et fils, s’est félicitée que les « éléments dont elle s’est fait un devoir de porter à la connaissance de la justice française aient entraîné la saisine de la plus haute juridiction française de lutte contre la grande délinquance économique et financière et la corruption ».
En tant que Président de la Fondation pour la démocratie et la gouvernance, Grégory Mathieu s’est félicité de la décision du Procureur du Parquet national financier d’ouvrir une enquête sur les suspicions de malversations financières extrêmement graves touchant la famille même du Président Alpha Condé. « Notre seul objectif est de rendre justice au peuple Guinéen qui souffre de la très grande pauvreté pendant que leurs dirigeants mènent grand train. On ne peut admettre que celui qui se présente volontiers comme le chevalier de la lutte contre la corruption ferme les yeux sur ce qui se passerait dans son entourage le plus proche», a ajouté Grégory Mathieu.
Sous d’autres cieux, une telle affaire aurait rapidement poussé la justice du pays à ouvrir une information. Les juges guinéens ou l’Office Central de Répression des Délits Economiques et Financiers devraient automatiquement chercher à en savoir un peu plus sur cette affaire. Mohamed Condé n’étant qu’un simple conseiller de son père au Palais Sekouthoureya, un juge d’instruction peut lui envoyer une convocation afin qu’il dise aux guinéens ce qu’il sait de cette affaire. Son silence est coupable et pourrait le rattraper demain. Il suffit de jeter un regard vers le Sénégal voisin pour trouver où en est aujourd’hui le tout puissant Karim Wade, ministre de son père Abdoulaye Wade.
La fortune de Karim Wade, évaluée à 700 milliards de francs CFA, avait intrigué la justice sénégalaise. Il était à l’époque à l’étranger et avait volontairement décidé de se rendre au Sénégal pour laver son honneur. Mis en demeure le 15 mars 2013, après une audition par la commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), de justifier dans un délai d’un mois de ses avoirs ainsi que de ses biens (voitures, propriétés immobilières) et de comptes bancaires, il est inculpé d’« enrichissement illicite », et écroué avec sept autres personnes le mercredi 18 avril à la prison de Rebeuss, dans le centre de Dakar31. Le 23 mars 2015, il est condamné à une peine de 6 ans de prison ferme et 138 milliards de FCFA d’amende (210 millions d’euros) par la Cour de répression de l’enrichissement illicite.(Source Wikipédia).
Alpha Mohamed Condé, très effacé, n’a pratiquement jamais accordé d’interviews aux médias. Jusque-là, il menait une vie tranquille au Palais, loin des projecteurs. Maintenant, le fils du président guinéen doit s’expliquer. Histoire de sauver son honneur et celui de son père.
C’est ridicule de voir le camp présidentiel, par la voix de Moustapha Naïté (Directeur de campagne du père et nom du fils) ruer dans les brancards pour défendre Alpha Mohamed Condé. Le ministre de la Jeunesse et de l’Emploi Jeunes va jusqu’à sentir une manipulation de l’opposition guinéenne derrière la plainte de l’ONG belge. Même si aux dires de Naïté Alpha Condé reste serein et que cela n’ébranle en rien le pouvoir, il est grand temps de donner la parole au fils du Président qui est le plus concerné dans ce dossier.
