L’opposition guinéenne qui appelle à des manifestations de rue à partir du lundi 17 août à Conakry semble prise de court par les derniers développements du processus électoral en Guinée. Alpha Condé a signé le décret fixant la présidentielle au 11 octobre 2015, la CENI a fixé la caution pour les potentiels candidats à 800 millions de Francs Guinéens et la Cour Constitutionnelle a publié la liste des membres du collège médical devant juger la capacité physique et morales des éventuels candidats. L’option de la rue ne peut plus rien résoudre. Le vin est tiré !
La seule option qui reste aux principaux leaders de l’opposition( Cellou Dalein Diallo, de l’UFDG, Sidya Touré, de l’UFR, Lansana Kouyaté, du PEDN, Moussa Dadis Camara, du FPDD….) c’est le boycott du scrutin. L’appel à manifester le lundi 17 août, notamment pour exiger entre autres la recomposition de la CENI, ne fera qu’exacerber les tensions déjà tendues. L’arrestation et l’incarcération du député Ousmane Gaoual Diallo n’est que le signe visible d’une crise politique qui date de 2010 et qui n’a pu être résolue malgré l’organisation des législatives en 2013.
L’option du boycott du scrutin, pour éviter à la Guinée des lendemains incertains et des manifestations avec leurs conséquences, serait la meilleure. Même si d’aucuns, au sein de l’opposition, soutiennent qu’il faudrait manifester pour empêcher la tenue du scrutin. Le boycott du scrutin par Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, Lansana Kouyaté, Moussa Dadis Camara serait un mauvais coup pour Alpha Condé. Celui-ci, qui a déjà choisi ses candidats au cas où l’opposition passerait à l’acte, pourrait se faire réélire au premier tour. Ça serait une victoire sans gloire pour quelqu’un qui a fait quarante ans de lutte politique.
La réélection de Alpha Condé sans ses principaux opposants sonnerait également comme un goût d’inachevé par le RPG Arc-en-ciel qui n’aura pas réussi à se mesurer à des vrais adversaires politiques. Mais actuellement, au sein de l’opposition, personne ne fait confiance à l’autre. Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo, qui se font la guerre, se préparent dans les coulisses pour affronter Alpha Condé, malgré un fichier électoral défavorable aux deux anciens alliés.
Puisque le véritable enjeu de l’élection présidentielle du 11 octobre, c’est bien le fichier électoral que certains qualifient de « tailler sur mesure » pour une réélection sans coup férir du Président sortant. Alpha Condé sait pertinemment que ni son bilan des cinq dernières années ni ses résultats électoraux de 2010 et 2013 ne peuvent lui assurer une victoire si l’élection est transparente.
La seule manière de gagner, pour Alpha Condé, est de pousser ses adversaires les plus coriaces à rester dans la contestation tout en sachant qu’il ne lâchera pas du lest. Ce qui compte chez Alpha Condé, c’est d’avoir cinq ans de plus pour parachever les petits chantiers entamés. Et pour ça, il est prêt à vendre même son âme ! Alpha Condé a bien assimilé la leçon qu’en Afrique, on n’organise pas des élections pour les perdre. Les exceptions sont très rares pour être citées….. Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et compagnie doivent sans doute le savoir. Inutile donc d’accompagner le locataire actuel du Palais Sekhoutoureya à une mascarade électorale.
