Massacre du 28 septembre: Dadis Camara sur la voie de l’inculpation .

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L’ancien chef de la junte guinéenne est entendu depuis mercredi matin par des juges guinéens à Ouagadougou, où il vit en exil depuis 2010. Il pourrait être inculpé d’ici la fin de la semaine.

Près de six ans après les faits, l’enquête sur le massacre du 28 septembre 2009, dans laquelle 400 victimes ont déjà été entendues et 15 personnes mises en examen, semble soudainement s’accélérer. Si l’ex-chef de la junte guinéenne, Moussa Dadis Camara – qui a toujours nié être impliqué dans l’enchaînement tragique des événements de cette journée et s’est vu offrir un exil doré chez le voisin burkinabè – semblait jusqu’à présent épargné par la justice de son pays, les choses ont visiblement changé.

Entendu une première fois, il y a un an, par des juges burkinabè sur commission rogatoire de la justice guinéenne, Moussa Dadis Camara est interrogé depuis 9h00 ce mercredi 8 juillet par deux juges et un procureur guinéens au palais de Justice de Ouagadougou. Selon plusieurs sources, ces magistrats, arrivés spécialement au Burkina lundi 6 juillet pour procéder à cette audition, pourraient inculper « Dadis » dès la fin de cette semaine. Une information que le ministre guinéen de la Justice, Me Cheick Sako, s’est refusé de commenter. « Il est très serein par rapport à cette audition », glisse pour sa part un proche de l’ancien putschiste.

L’opposition dénonce une « justice au pas »

Au lendemain de la visite de Fatou Bensouda, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI), à Conakry et surtout moins de dix jours après l’annonce d’une alliance entre Moussa Dadis Camara et le leader de l’opposition Cellou Dalein Diallo (UFDG) pour la présidentielle d’octobre, cette accélération judiciaire étonne en Guinée. Y compris au sein de la majorité. “Il est vrai que l’image de la justice guinéenne peut en prendre un coup, compte tenu de la séquence politique que nous vivons, déclare un membre du gouvernement. Mais il serait aussi paradoxal de se plaindre des avancées de la justice, alors même que de nombreuses victimes attendent depuis plusieurs années qu’il y ait enfin un procès.”

Du côté de l’opposition, on dénonce déjà “une justice au pas” et une manœuvre destinée à écarter un « Dadis » devenu trop encombrant. “Moussa Dadis Camara a toujours dit qu’il était prêt à répondre à la justice guinéenne et à rentrer au pays. Dire que ce déplacement des juges n’a pas de lien avec cette alliance naissante entre notre parti et celui de Dadis serait un peu gros”, déclare Ousmane Gaoual Diallo, député UFDG.

Mais selon une source judiciaire burkinabè, « les Guinéens ont formulé une demande d’audition par leurs juges via le canal diplomatique il y a un certain temps », soit bien avant l’annonce du rapprochement entre Moussa Dadis Camara et Cellou Dalein Diallo.

(Jeune Afrique)

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