Il y a des signes qui ne trompent pas. Il a fallu que Moussa Dadis Camara annonce son retour avorté en Guinée, pour que Aboubacar Toumba Diakité, l’homme qui avait failli mettre fin à ses jours, ressortent au grand jour. C’est une stratégie savamment orchestrée par Alpha Condé, dit-on, pour dissuader Dadis de fouler le sol guinéen. Sinon, pourquoi tout ce temps que Dadis avait annoncé sa démission de l’armée, son choix pour diriger les Forces Patriotiques pour la Démocratie et le Développement (FPDD), Toumba n’a pas parlé ?
Derrière toutes ces manigances politico-ethniques d’Alpha Condé, il y a le fait que le pouvoir n’a pas du tout gobé l’éventualité d’une alliance entre Moussa Dadis Camara et Cellou Dalein Diallo. Le pouvoir a compris que tout ce que Dalein n’avait pas jusque-là, Dadis pourrait bien le lui donner. La première des choses, c’est une partie de l’électorat de la Guinée Forestière. Même si le FPDD n’est pas bien structurée, la politique étant ethnique, certains forestiers ne trouveraient pas à redire quand Dadis, le premier d’entre eux à être Président de la République l’aurait demandé.
La deuxième des choses qui échappe aux observateurs, c’est que Dadis compte encore des partisans au sein de l’armée guinéenne. Il avait réussi, en peu de temps, à faire enrôler beaucoup de jeunes forestiers. Même si Sékouba Konaté avait démantelé le camp de Kalia (Forécariah) où certaines recrues étaient en formation grâce à l’appui des israéliens. Pour un parti comme l’UFDG dont les militants et sympathisants n’aimaient pas (jusqu’à une date récente) à intégrer l’armée, c’est un atout. Cela peut équilibrer les rapports des forces.
Alpha Condé a fini par comprendre, sur toutes les lignes, que l’alliance UFDG/FPDD pourrait lui barrer demain le chemin quand il sera question de mettre en œuvre sa stratégie de confiscation du pouvoir au lendemain de la présidentielle de 2015. L’ambition du Président sortant de se faire déclarer élu dès le premier tour vole en éclat. Mais étant jusqu’au-boutiste, Alpha Condé essaie le tout pour le tout pour faire changer les choses. Quitte à s’allier avec le diable pour faire changer l’itinéraire de Moussa Dadis Camara, en faisant parler Toumba Diakité.
Au banc de la communauté internationale pour son rôle dans le massacre du 28 septembre, Toumba Diakité cherche une certaine virginité. S’il bénéficie d’une garantie de sécurité, il se dit prêt à rentrer au pays pour répondre devant les juges en charge du dossier. Pourtant, la balle qu’il a tiré dans la tête de Moussa Dadis Camara est sortie de son revolver lorsque Dadis lui avait conseillé d’aller justement être auditionné par les enquêteurs de la CPI. On connaît la suite….
