CONAKRY,22 JUIN 2015-Dans un communiqué rendu public le 19 juin dernier, Cellou Dalein Diallo, président du parti UFDG et Moussa Dadis Camara (FPDD), ancien chef de la junte au pouvoir, ont déploré le fait de tribaliser le débat politique et tripatouiller le fichier électoral en Guinée.
Moussa Dadis CAMARA et Cellou Dalein DIALLO, se sont entretenus à Ouagadougou, au Burkina Faso, ce vendredi 19 Juin 2015. Selon le communiqué, les deux leaders ont passé en revue les problèmes d’ordre politique, économique, social et sécuritaire auxquels la Guinée est actuellement confrontée.
Ils ont, ensemble, décidé d’exiger que les prochaines élections communale et présidentielle soient crédibles et transparentes. Gage de paix et de stabilité pour la Guinée.
Les deux leaders politiques, après avoir constaté leur convergence de vue sur l’ensemble des sujets, ont décidé d’engager leurs deux partis à nouer une alliance politique. Voilà qui est bien dit !
Le rapprochement entre Cellou Dalein et Moussa Dadis Camara aurait été favorisé par Tibou Kamara, ancien conseiller à la communication du capitaine Dadis et ancien ministre Secrétaire Général de la Présidence de la République sous le magistère du Général Sékouba Konaté.
Des démarches qui auraient nécessité un premier déplacement de Cellou Dalein, courant mai pour Ouagadougou (Burkina Faso) via Lomé. Cellou Dalein a dû patienter jusqu’en juin pour enfin se décider à aller négocier. Le chef de fil de l’opposition hésitait jusqu’au moment où Sidya Touré a officiellement déclaré qu’il ne le soutiendrait pas au cas où il passait au second tour de la présidentielle du 11 Octobre.
Dans les coulisses, Sidya Touré essayait également de s’approcher de Dadis en passant par l’UGDD. Mais en fin politique, Dadis, sachant que sur l’échiquier politique guinéen Cellou compte le plus grand nombre de militants au sein de l’opposition, a préféré Dalein. Après cinq ans d’exil au Burkina Faso, l’ex-chef de la junte mise sur l’UFDG pour donner un éclat particulier à son retour au pays. L’axe Hamdallaye-Bambeto-Cosa, majoritairement acquises à l’opposition, pourrait se remuer au cas où le pouvoir rechignerait. Ce n’est pas un hasard si Hadja Halimatou Dalein Diallo, l’épouse de Cellou, a été aperçue samedi 20 juin dernier au stade de Lambanyi où se tenait un meeting des partisans de Dadis regroupés pour réclamer son retour.
Quoiqu’il en soit, cette alliance entre le FDPP et l’UFDG, que certains qualifient déjà de contre nature pourrait être défavorable au chef de fil de l’opposition. Les organisations de défense de droits de l’homme et les parents des victimes du massacre du 28 septembre 2009 ainsi que la Cour Pénale Internationale sont très regardant sur ce dossier. Moussa Dadis Camara, au moment des faits était le Président de la République, Commandant en chef des forces armées. Il a été entendu à titre de témoin par une commission rogatoire. Même s’il n’a pas été inculpé, comme c’est le cas pour certains de ses proches du CNDD, Dadis reste un témoin clé du massacre.
Cellou Dalein Diallo, qui a failli être tué au Stade du 28 septembre, le 28 septembre 2009 (on l’avait laissé pour mort) s’allie aujourd’hui à Dadis pour des fins politiques. L’électorat de la Guinée Forestière a toujours été le talon d’Achille pour l’UFDG. En s’alliant à Dadis, il espère glaner de suffrages au cas où il passerait au second tour de la présidentielle. Que Sidya le soutienne ou pas, Cellou sait compter sur une grande assise de son parti en Moyenne Guinée et quelques préfectures de la Basse Guinée où l’UFDG compte beaucoup de militants et sympathisants.
Stratégique ou pas, la décision pourrait amener la communauté internationale (qui avait aidé Alpha Condé en 2010 à être élu) à continuer à soutenir Alpha. Ce dernier passerait en effet comme étant le garant de la justice et de la lutte contre l’impunité.
D’ailleurs, ces derniers mois, Alpha qui avait sans doute compris qu’il n’aura pas le soutien de Dadis, a fait progresser les enquêtes dans le dossier du massacre du 28 septembre 2009. Il y a eu l’annonce de nouvelles inculpations et même l’incarcération d’un ancien commandant du camp Koundara. Ce sont des points qui pourraient compter demain !
