CONAKRY, 06 MAI 2015-Le chef de protocole de la présidence de la République de Guinée, Mamady Senkoun Kaba, a été envoyé était chez Cellou Dalein Diallo, chef de fil de l’opposition, ce mardi. Il était porté d’un message du Président Alpha Condé conviant le président du parti Union des Forces Démocratiques de Guinée à une audience au Palais Sékhoutoureya, vendredi 07 mai. La lettre est signée par le Directeur de cabinet de la présidence, Mohamed Diané.
L’opposition ne réclame que la suppression de ce qu’elle qualifie de « chronogramme de la discorde » proposé par la CENI. L’institution en charge d’organiser les élections en Guinée fixe la présidentielle pour le 11 octobre 2015 et les élections communales pour le premier trimestre 2016. Mais, aux termes de la Constitution guinéenne, il revient au Président de la République de fixer par décret le jour du scrutin.
« Le scrutin pour l’élection du Président de la République a lieu quatre-vingt-dix jours au plus et soixante jours au moins avant la date de l’expiration du mandat du Président de la République en fonction. Le Président de la République fixe le jour du scrutin au moins soixante (60) jours avant celui-ci. S’il y a lieu de procéder à un second tour de scrutin, celui-ci est fixé au quatorzième (14ème) après la proclamation des résultats définitifs du premier tour » (Article 28 de la Constitution).
Le problème qui se pose actuellement tourne autour de l’organisation des élections communales. Les dernières datent de 2005 sous le règne d’un certain Kiridi Bangoura à l’époque à la tête du département de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation. En 2010, on aurait dû remplacer les élus locaux. Mais après une élection présidentielle controversée, les acteurs politiques ont focalisé leurs attentions sur l’organisation des législatives.
Ces législatives n’auront lieu que le 28 septembre 2013 à l’issue d’un accord politique inter-guinéen acquis sous la surveillance de l’ONU et des partenaires du pays. Un accord additionnel à celui du 3 juillet 2013 avait été aussi signé par les facilitateurs guinéens et l’adjoint du facilitateur onusien. Cette annexe précisait que les élections communales devraient se tenir au premier trimestre 2014. Et vint Ebola….
La maladie à fièvre hémorragique à virus Ebola a été une opportunité pour le pouvoir de concentrer ses efforts sur la crise sanitaire. Officiellement annoncée en Guinée en mars 2014, Ebola a occasionné la mort de quelques 3.000 guinéens, sapé l’économie et remis en cause les pratiques traditionnelles, locales et culturelles dans le domaine de gestion des dépouilles.
La CENI, qui se préparait activement à l’organisation des élections locales, a travaillé sur l’amélioration de la Cartographie des Bureaux de vote. Des électeurs éloignés de leurs bureaux de vote ont été rapprochés à ces lieux. Elle a réussi également à relocaliser et ramener les électeurs indûment sortis de leurs lieux de vote habituel. Cette activité avec été réussie grâce à la participation de l’opérateur technique ICB du Mali. Le couple Way-Mark/Sabary Technology venait d’être sorti de la gestion du fichier, suite aux recommandations de l’accord du 3 juillet. Un nouvel opérateur devant gérer le fichier en prélude à la présidentielle de 2015 avait aussi été recruté provisoirement. Il s’agit du français Gemalto. Selon plusieurs sources proches de la CENI, il restait plus qu’à confectionner les cartes pour les élections communales.
C’est dans ce contexte que la CENI s’est retrouvée en atelier à Kindia, le 10 mars 2015.A l’issue de la rencontre, au lieu d’un chronogramme fixant les communales, le Président de la CENI a brandi un calendrier de la présidentielle pour le 11 octobre et des locales pour le premier trimestre 2016. On connaît la suite !
Depuis cette date du 10 mars, à laquelle le chronogramme a été élaboré, l’opposition a organisé cinq manifestations à Conakry et à l’intérieur du pays. Les sixièmes et septièmes mouvements sont attendus les 07 et 11 mai.
Le chef de fil de l’opposition et le chef de l’Etat vont se retrouver le 08 mai pour discuter de la situation sociale et politique qui prévaut en Guinée. Cet acte du chef de l’Etat guinéen, quoique tardif, remet un peu de l’espoir dans le cœur des guinéens.
Même si l’opposition maintient sa manifestation proclamée le 07 mai, la rencontre augure de nouvelles perspectives afin que les deux parties parviennent à un consensus pour le bien de la Guinée. Cellou et Alpha sont face à leurs responsabilités.
Les pressions des bases et des groupes extrémistes des deux camps ne devraient point empêcher la reprise du dialogue politique en Guinée. Les points essentiels à mettre autour de la table, les participants au dialogue, les médiateurs et personnes ressources devraient être identifiés par les deux leaders. Aucune fausse note ne doit remettre de l’huile sur le feu. A bon entendeur, salut !
