Au cours de la semaine, les autorités de la République de Guinée ont appelé à un dialogue avec l’opposition. Une possibilité de rapprochement fragile car, de source sûre, le pouvoir n’était pas prêt à accepter les préalables réclamés par l’opposition. Vendredi 17 avril, le gouvernement indiquait encore travailler à des propositions concrètes de dialogue qui prendraient en compte certaines préoccupations de l’opposition. Mais une déclaration du président Alpha Condé a remis de l’huile sur le feu et la perspective d’un dialogue entre pouvoir et opposition semble aujourd’hui réellement compromise.
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Dans une intervention à la radio Voice of America, lors d’une visite à Washington, le président guinéen Alpha Condé a dit rester ouvert aux discussions. « Je laisse les gens qui sont chargés du dialogue continuer le dialogue », a-t-il déclaré. En revanche, le chef de l’Etat guinéen a affirmé qu’il était impossible d’organiser les élections locales avant 2016 :
« La Céni [la Commission électorale nationale indépendante] a présenté un chronogramme que tout le monde a vu. Avec toute la meilleure volonté du monde, la Commission a démontré qu’on ne pouvait techniquement organiser les élections communales avant 2016. Le chronogramme est là. La Céni l’a présenté aux partis politiques et à la communauté internationale, et tout le monde voit l’incapacité. Même si on voulait organiser les élections municipales, ce ne serait pas possible avant 2016 », explique Alpha Condé.
« L’élection principale, c’est quand même l’élection présidentielle, poursuit le président guinéen. Il y a une date impérative fixée par la Constitution. Au-delà de cette date, s’il n’y a pas une élection présidentielle, il n’y a plus de pouvoir. »
La date du scrutin, pierre d’achoppement avec l’opposition
Tenir le scrutin local avant la présidentielle, c’est l’une des principales revendications de l’opposition, qui en fait même un préalable au dialogue. Pour Fodé Fofana, le vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG, principale force d’opposition), le président Alpha Condé vient de fermer toutes les portes à la discussion. « Avec cette déclaration, il n’y a plus d’espoir », assure-t-il.
« On se disait que le gouvernement était certainement dans la logique de reconsidérer sa position, notamment d’annuler ce chronogramme qui est à l’origine de cette crise profonde et de demander à la Céni de suspendre ces activités. Mais Alpha Condé affirme qu’il n’y a aucun moyen d’organiser les élections communales cette année. Nous, nous savons qu’on ne peut pas aller aux élections présidentielles sans l’organisation d’élections communales, donc la crise est profonde », analyse Fodé Fofana.
Toujours selon le vice-président de l’UFDG, « il n’y aura pas de solution, surtout avec la déclaration d’Alpha Condé. Ça nous conforte dans l’idée qu’on ne peut rien attendre ni du dialogue, ni de ce gouvernement-là. La solution qui nous reste, c’est les différentes manifestations et c’est ce que nous allons faire. » Inquiet des conséquences de cette impasse, Fodé Fofana en appelle à la médiation de la communauté internationale.