Ma mémoire est troublée par l’émotion. Les mots me manquent et se bousculent dans ma tête en même temps. Alors, je choisirai un seul au hasard : Révolte.Les Guinéens doivent impérativement se révolter contre cette insécurité volontairement entretenue dans notre pays. Révoltez-vous contre l’assassinat de Mme Boiro, de Amadou Oury, de Diaouné et des 60 victimes de l’opposition. Vous leur devrez bien ça pour votre liberté pour la Guinée, à l’ensemble des victimes tombées dans le silence absolu d’un gouvernement qui montre chaque jour son incapacité.
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Hier matin, on se quittait en se promettant de se revoir sans savoir que cela allait être notre dernière rencontre.
Lorsqu’il est venu présenter ses condoléances dans la famille de l’ancien député et son ancien collègue du gouvernement de transition, Elhadj Talibé, nous avions un moment plaisanté sur son embonpoint. Mon voisin lui a fait remarquer qu’il devait reprendre le sport, il a rigolé comme à son habitude très joviale, en promettant de me revoir pour parler de la réforme des forces de défenses et de sécurité et la guerre qu’on lui livre pour son engagement pour une société civile équidistante entre les partis politiques. Un moment il a évoqué la haine que certains du Conseil National des Organisations de la Société Civile (CNOSC) lui livraient pour avoir soutenu et financier le forum des organisations de la société civile. Faut-il y rechercher un lien entre son activisme pour une société civile apolitique et son assassinat ?
Bien sûr, je n’ai aucune certitude quant à l’identité des assassins et de leurs éventuels commanditaires. Ce que je sais en revanche et qui est ressorti d’un court entretien que nous avions eu ce vendredi dans le domicile du défunt Elhadj Talibé, c’est qu’il se sentait menacé et haï par des gens proches du CNOSC soutenu par des hommes tapis dans l’ombre du pouvoir.
Bien sûr, je me garderai de tout amalgame. Mais la mémoire des victimes exige la vérité. Aujourd’hui, c’est le temps du deuil. Quand arrivera celui de la réflexion, il faudra bien que l’on se demande comment nous avons pu laisser fabriquer des assassins dans notre pays. Comment notre justice a capituler ? Comment nous nous sommes habitués à un gouvernement qui refuse que le citoyen accède à la justice ? Comment nous nous sommes accommodés d’un gouvernement qui refuse des enquêtes en protégeant des criminels ? C’est pour avoir des réponses pour plus jamais ça dans ma Guinée que la révolte est maintenant un impératif pour que la justice triomphe. Mais la révolte qui s’engage ne s’oriente pas uniquement vers nos services de sécurités au sens large mais c’est aussi contre l’inaction des autorités qui, par cet acte, encourage la barbarie. Face à la haine et aux assassinats, il faut mener la révolte pour imposer définitivement la protection de nos vies et de nos biens, notre droit le plus absolu que la République a le devoir de garantir à chaque citoyen. Si vous voulez rester et vivre libres, il va falloir que vous défendiez ma liberté et celles de tous nos concitoyens qui partagent nos idéaux. Que vous le vouliez ou pas nous sommes dans le même bateau. Il sera toujours temps de se disputer ensuite sur la politique et nos opinions.
Mr Diaouné est parti assassiné rejoindre la cohorte des victimes de l’incapacité de l’état à garantir la sécurité des citoyens. Il s’en va rejoindre Amadou Oury de la section motards, Mme BOIRO et soixante autres personnes tuées quasiment sous nos yeux dans l’indifférence d’un président qui avait juré de nous protéger.
Que son âme repose en paix.
Hon. Ousmane Gaoual DIALLO
Député
« Ceux qui luttent ne sont pas sûrs de gagner mais ceux qui ne luttent pas on déjà perdu – B. BRECHT ».