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Après avoir semblé minimiser l’ampleur de la crise, le président Condé fait désormais de la lutte contre le virus sa priorité. Assisté du Dr Sakoba Keïta, il est sur tous les fronts.
C’est un chef d’État qui révèle sa nature de chef de guerre. Face à l’épidémie d’Ebola – dont la Guinée a été le premier foyer d’infection, en décembre 2013 -, Alpha Condé s’implique personnellement. Au palais Sékhoutouréya, véritable QG d’où s’organise une riposte à la fois médicale, sécuritaire et financière, il s’active tous azimuts pour coordonner les efforts, s’efforçant de maintenir un contact quasi permanent avec le terrain.
Il peut compter pour cela sur Sakoba Keïta, brillant médecin formé à La Havane (Cuba), qu’il a nommé coordinateur national de la lutte contre Ebola le 4 septembre. Les deux hommes se parlent plusieurs fois par jour. Condé veut tout savoir, de l’évolution des soins à l’acheminement du matériel, en passant par l’état du personnel de santé. À toute heure du jour ou de la nuit, le Dr Keïta se tient prêt à répondre à ses questions.
« Je pense à Ebola en me rasant, en mangeant, en dormant », confie Alpha Condé au New York Times. Quitte à utiliser, dans cette contre-offensive, des méthodes musclées à l’encontre des Guinéens réticents à se faire soigner. « Nous allons utiliser la force, parce qu’on n’acceptera pas que la maladie se propage », a-t-il scandé à Conakry le 26 novembre, avant-veille de la visite de son homologue français. François Hollande a promis 100 millions d’euros pour la lutte contre Ebola en Guinée, où le virus a fait 1 200 morts en moins d’un an.
« De quoi avons-nous besoin ? Je me battrai pour l’obtenir », aime-t-il à répéter à ses collaborateurs. Cette crise, Alpha Condé en a pourtant longtemps minimisé l’ampleur. En avril dernier, il prétendait que l’épidémie était « bien maîtrisée ». Au grand dam des organisations humanitaires, qu’il n’a pas manqué de vilipender. Aujourd’hui, il est en première ligne. Le président tient à vérifier le moindre détail et à coordonner lui-même l’aide financière et les plans d’action sanitaire, allant jusqu’à surveiller que les ambulances aient accès aux villages reculés. « Tant que cela concerne la Guinée, c’est moi qui décide », a-t-il coutume de dire.
Devant ses proches, Condé se montre critique à l’égard de Macky Sall et Alassane Ouattara, ses pairs sénégalais et ivoirien, qui ont décidé unilatéralement de fermer leurs frontières en août. L’éradication d’Ebola est enfin devenue sa priorité. Et il veut démontrer que la Guinée peut remporter la bataille.