Lors de sa visite le samedi 25 octobre, à l’ile de Kassa, Mr. Alpha Condé a déclaré en langue Soussou : «J’ai demandé aux blancs de laisser l’affaire du 28 septembre parce qu’il y a eu celles de 1985, de 2006 et de 2007 et ils n’ont pas fait l’objet de poursuites». Avec ces propos désobligeants, Mr. Alpha Condé vient de confirmer les intentions qu’on lui prête de vouloir saboter les enquêtes sur les crimes du 28 Septembre 2009.
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Les propos de Mr. Alpha Condé constituent une présomption troublante de complicité avec les officiers accusés de crimes contre l’humanité. Ils renforcent la perception de collusion déjà manifeste avec leur maintien dans son gouvernement ainsi que des promotions des honneurs par des médailles. La déclaration souligne encore plus la nécessité d’un procès impartial et ouvert pour cerner l’ampleur et les ramifications des massacres de Septembre 2009.
L’argument utilisé par Mr. Alpha Condé du manque d’enquêtes sur les crimes passés de 1985, 2006 et 2007, est un amalgame inacceptable. Sans réaction vigoureuse, cet argument va entériner pour toujours la culture d’impunité dans notre pays. La banalisation des crimes politiques qui en résulte est à la fois cynique et criminelle. Elle ouvre une dangereuse brèche et une trappe de complaisance dans lesquelles passeront les crimes du jour et ceux de l’avenir. Le fait d’excuser des crimes par des crimes consacre une culture politique malsaine qui se moque des victimes, conforte les criminels et saborde la mémoire collective de la nation. Faire croire que cela participe à la réconciliation nationale est une tricherie qui ne fait qu’empiler les amertumes et attenter à l’avenir de la nation en faisant le lit à des affrontements dans le futur. De quelque façon qu’on la tourne, cette forme ultime de démission de l’état est un déshonneur national qui doit être fermement rejeté.
Les massacres et viols de 2009 sont des crimes imprescriptibles contre l’humanité. La méconnaissance de ce fait de droit de la part de Mr. Alpha Condé est impardonnable. Elle confirme une profonde faillite morale de sa part. Elle constitue une trahison pure et simple de son serment de chef de l’état qui lui ôte le privilège constitutionnel d’être garant ultime des libertés citoyennes. En même temps, elle renforce l’image d’une Guinée paria parmi les nations.
En réponse implicite à ces menées de dilution de la justice du président guinéen, l’ambassadeur des États-Unis, Mr. Laskaris, a insisté lors d’une conférence le 4 Novembre 2014 à Conakry, sur l’impératif moral de punir ces crimes commis contre les femmes : «Ce que je n’accepterai jamais – en tant qu’être humain, en tant qu’Américain et en tant que quelqu’un qui craint le jugement de Dieu – c’est le fait que des hommes pardonnent des hommes pour des crimes commis contre des femmes ». Pottal-Fii-Bhantal prend bonne note de cette déclaration. Certes, Mr. Laskaris trouve des circonstances atténuantes au ministre de la justice dont la responsabilité reste entière dans le déni de justice. Mais sa demande de faire du jugement des crimes contre l’humanité de 2009 une étape première dans l’enracinement de la justice en Guinée, est en accord avec les requêtes maintes fois formulées par Pottal-Fii-Bhantal ainsi que de nombreuses associations de victimes et des droits de l’homme. Nous en appelons donc à l’ambassadeur pour que les États-Unis exigent officiellement des actions spécifiques dans la poursuite de ces crimes, avec un calendrier d’exécution et un système de suivi. Le manque d’actions de la part du gouvernement guinéen devrait être assorti de sanctions de la part des États-Unis.
Les propos et la négligence provocatrice de Mr. Condé depuis son accession au pouvoir demandent une mobilisation encore plus forte autour du dossier des crimes de 2009. Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon en appelle à toutes les composantes sociales de la nation, des guinéens de l’extérieur et de l’intérieur, des partis de l’opposition, des organisations de victimes et de la société civile ainsi qu’aux africains et à toutes les instances internationales pour que les juges guinéens soient enfin dessaisis des enquêtes. Ces enquêtes doivent être transférées à la CPI au plus vite.
À défaut d’une suite rapide à cet appel, nous devrons tous exiger que le conseil de sécurité de l’ONU impose des sanctions sur Mr. Alpha Condé et son entourage.
La commission