Editorial /Violences en Guinée : La Guinée Forestière, zone de non droit à l’absence de l’Etat ?

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CONAKRY,23 SEPTEMBRE 2014- L’histoire retiendra que c’est en Guinée Forestière, particulièrement dans la localité désormais  tristement célèbre de Womey , que des journalistes et techniciens des médias ont été assassinés pour la première fois en Guinée. Facely Camara, de la Radio Liberté Zali FM, de Molou Chérif et Sidiki Sidibé, deux techniciens de la radio rurale de N’Zérékoré, ont été sauvagement abattus avant d’être enterrés dans une fausse sceptique, le  16 septembre dernier à Womey.

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Au-delà de la simple condamnation  de ce crime odieux par le gouvernement guinéen des organisations de défense des droits de l’homme et de protection des journalistes, il est important de s’interroger sur les motivations de ceux qui ont perpétré cette barbarie. Rien ne peut justifier que des guinéens, fussent-ils de N’Zérékoré qui sont coutumiers des faits, tuent d’autres guinéens. Aucune cérémonie initiatique qu’on dit désacralisée, aucun tir de sommation d’un agent de protection rapprochée zélé, aucune tenue d’un meeting dans un endroit hostile, rien, disions-nous, ne peut nous convaincre.

 Ceux qui cherchent à justifier cet assassinat en présentant les faits sous un autre angle devraient beaucoup méditer. Et si c’étaient eux qui étaient ce jour-là  Womey ? Il est facile de masquer le crime, mais faudrait-il être aveugle face aux comportements indécents des habitants de Womey, pour tenter de jouer à l’avocat du diable.

Mais si aujourd’hui, il y a encore des  esprits  rétrogrades  qui défendent les tueurs de Womey, c’est parce qu’il y a eu des précédents impunis en Guinée Forestière.  Il y a eu les assassinats de Galapaye, Zogota, Koulé, N’Zérékoré, Beyla. Jusque-là, les auteurs de ces crimes courent toujours. L’impunité, le déni de justice, l’irresponsabilité des dirigeants locaux et administratifs y sont pour beaucoup.

La flambée de la violence en Guinée Forestière ne peut pas s’expliquer seulement par le fait que les rebelles de l’Ulimo, les groupes d’auto-défense et autres associations mafieuses y ont élu domicile. Depuis des lustres, c’est un secret de polichinelle de dire que la Guinée Forestière est le terreau  des groupuscules qui fonctionnent hors-la-loi au vu et su de tout le monde.

Aujourd’hui, les évènements de Galapaye, de Koulé, N’Zérékoré, Beyla et les attaques contre MSF à Macenta et Guéckédou, ont montré l’échec de la société civile guinéenne. Celle-ci n’a pas mis dans ses initiatives de communication et de sensibilisation assez l’accent sur la protection de la personne humaine, le respect des droits de l’homme etc.

Au lieu de parler des problématiques de résolution des conflits ou de participation des femmes aux prises de décision, le mieux serait d’initier assez rapidement des stratégies de communication sur  le respect de la vie humaine, les droits individuels et collectifs. Je me répète : il faut rapidement passer de village en village dans la région Forestière pour enseigner aux populations que la personne humaine est sacrée, qu’on ne doit pas ôter gratuitement la vie à un être humain comme on tuerait un chimpanzé ou une antilope en brousse. Encore que les chimpanzés et certaines antilopes sont interdits de chasse. 

Les organisations de la société civile, les associations des ressortissants de la Guinée Forestière et toutes les personnes de bonne volonté, les institutions internationales oeuvrant dans la promotion des droits de l’homme doivent se mobiliser pour faire la promotion du principe de préservation de la vie humaine dans cette partie de la Guinée.  Je suis révolté, choqué et meurtri suite au drame de Womey,  aux massacres de Zogota, Koulé, Beyla, N’Zérékoré, que sais-je encore. Rien, rien ne peut justifier cette barbarie.

Azoca Bah

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