Les SMS mettant en garde contre Ebola sont massivement relayés, encore qu’ils suscitent des réserves chez certains qui y voient une atteinte à l’intimité ou une manœuvre pour cacher la présence d’Ebola dans le pays.
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Les autorités sanitaires de pays de l’Afrique de l’Ouest comme le Gabon, le Sénégal, le Burkina Faso le Bénin ou la Côte d’Ivoire, épargnés jusque là par Ebola, utilisent les SMS qu’elles diffusent aurpès de leurs population, comme moyen de prévention contre la fièvre hémorragique.
La population réagit favorablement à ce moyen de prévention en relayant massivement ces messages textes. « As-tu reçu le SMS de la Sonatel ? » se lance-t-on volontiers dans les lieux de rencontre. Un questionnement qui ouvre des débats interminables sur le virus Ebola au Sénégal, dans les lieux de rencontre, notamment les cafés.
‘’Pour nous protéger de la maladie Ebola, lavons nous régulièrement les mains avec de l’eau et du savon. Ministère de la santé et de l’Act Soc. Autorisé par CDP’’. déclare le message, en question, diffusé via le téléphone portable, aux abonnés de la société sénégalaise des télécommunications (Sonatel) depuis le 5 septembre.
Au nombre des mesures de prévention prises au Bénin contre le virus Ebola, figurent ces messages envoyés aux populations via les réseaux mobiles GSM pour les sensibiliser.
« Le virus Ebola est présent dans la sous-région, certains cas ont été identifiés déjà. Chers bien aimés, ceci n’est pas une plaisanterie. Prenez vos précautions. Ne saluez plus les gens que vous ne connaissez pas en leur serrant la main. Le germe se transmet par simple contact direct, par le sang, par la sueur, les secrétions du sujet infecté. (…) Partagez l’information et sauvez la vie de vos proches.».
Ce message, conjointement signé par l’opérateur mobile GSM et le ministère béninois de la santé publique, a circulé sur les portables et a vraisemblablement eu son impact dans le quotidien de certains Béninois.
Depuis lors, certains se saluent rarement, surtout quand ils ne se connaissent pas. Certains alarmistes vont jusqu’à protéger leurs mains et pieds avec des toiles cirés (sachets) avant de saluer leurs voisins.
En Côte d’Ivoire, trois types de messages parviennent de façon permanente aux ivoiriens sur leurs portables afin de sensibiliser à la lutte contre le virus de la fèvre Ebola.
« L’Ebola est mortel. Lavez-vous régulièrement les mains au savon. Désinfectez tout à l’eau de javel. Signalez vite tout cas suspect au 143 ou au 101 » constitue le premier texte reçu sur les portables à travers tous les réseaux de téléphonie mobile du pays.
« Le risque Ebola est réel. Ne pas chasser, manipuler ni manger la viande de brousse. Evitez de serrer les mains, les contacts avec les animaux et les cadavres » rappelle ce message même si des Ivoiriens violent au quotidien les recommandations.
« Ebola est mortel. En cas de fièvre, diarrhée, vomissement, saignement, allez vite à l’hôpital, appelez le 143 ou le 101. Consultez www.prevention-ebola.gouv.ci » recommande celui-ci.
Ces trois messages que les ivoiriens reçoivent sur leurs téléphones portables émanent du Ministère de la Santé et de la Lutte contre le Sida en collaboration avec le centre ivoirien de communication gouvernemental (MSLS-CICG).
Les SMS échangés entre les populations, censés se prévenir mutuellement, engendrent parfois des états de panique et d’affolement
Au Burkina Faso, les SMS des autorités locales ont été diffusés en réaction à des messages textes échangés entre des personnes prises de panique, quant aux ravages que pourrait créer la fièvre hémorragique dans leur pays.
Le 4 septembre, alors qu’Abdoulaye Diabi, un citoyen originaire de la Guinée où l’épidémie de la maladie à virus Ebola fait des ravages, faisait ses ablutions pour la prière du soir dans une mosquée de Bobo-Dioulasso, a succombé après avoir vomi du sang. Prises de panique, les populations qui croyaient à un cas d’Ebola ont commencé à faire circuler des messages faisant allusion à la présence de cette « peste rouge » sur le territoire burkinabè.
L’opérateur mobile burkinabé de télécommunication a donc décidé d’apporter sa contribution à travers des messages à l’endroit de ses abonnés dans lesquels elle rappelle les mesures d’hygiène et les précautions à prendre contre cette fièvre hémorragique qui dejà tué plus de 2000 personnes au Libéria, en Sierra Léone, en Guinée-Conakry et au Nigéria, selon des chiffres récents de l’OMS.
Au Gabon, où le ministère de la santé en collaboration avec la représentation locale de l’Organisation Mondiale de la santé a également choisi la messagerie téléphonique pour sensibiliser les populations contre Ebola, la fréquence d’envoi de ces messages qui s’enchainent à longueur de journée, révoltent plus qu’elle ne sert à la sensibilisation de certains usagers.
« D’abord ces messages violent mon intimité et ensuite, ils ne me disent franchement rien. » s’indigne Hermine, jeune étudiante à l’université de Libreville.
Comme elle, beaucoup de personnes peinent à accorder du crédit à quelques messages d’alerte au danger qui guette les pays encore à l’abri de l’épidémie.
« Je me dis bien que ces messages cachent une vérité. Contrairement à ce que disent les autorités, Ebola doit déjà être présent au Gabon. Sinon comment expliquer ce matraquage par sms ?!» se demande Tarik Moussavou, sans toutefois présenter des arguments à l’appui de son jugement.
Ce mode de communication certes efficace mérite d’être amélioré en prenant en compte les personnes analphabètes qui ont besoin du gestuel.
« Le sms a une limitation de cibles, globalement ils touchent plus facilement les jeunes.Tout le monde connait leur passion pour la messagerie » explique, Fidèle Mvou, Professeur en communication sociale. Il reconnait néanmoins que le sms dans ce contexte peut modifier les comportements par une bonne sensibilisation
«Avec le sms, le taux de lecture est très important et la diffusion plus rapide avec des réactions instantanées.» précise l’expert à Anadolu.
Le Gabon, jusque là épargné par le virus de la fièvre hémorragique, avait toutefois déjà été touché par Ebola entre 2001 et 2002 . Le bilan des victimes de l’épidémie circonscrite dans le nord est du pays s’établissait à une cinquantaine de décès sur 60 cas enregistrés.
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Avec la contribution de Issiaka N’guessan, Alioune Badara Ndiaye, Ismale Obiang, Lougri Dimtalba et Serge David Zoueme