CONAKRY,23 AOUT 2014-Le malheur ne vient jamais seul dit l’adage.Le Président guinéen Alpha Condé traverse la pire crise de son règne. Pris entre deux feux que sont la propagation de la fièvre hémorragique à virus Ebola et une opposition sur ses gardes à cause notamment de la fuite en avant de la Commission Electoral National Indépendante (CENI) , le Chef de l’Etat guinéen ne sait plus où donner de la tête. Comme si tout cela ne suffisait, voilà Alpha Condé rattrapé par une affaire de transfert frauduleux de devises au Sénégal.
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Les magouilles financières !
Alpha Condé aura beau été un grand dribleur, fin manipulateur politique, il est aujourd’hui rattrapé par ses actes. Celui qui criait haut et fort avoir les mains propres a fini par les salir. Au-delà des quatre milliards de Francs CFA saisis à Dakar et qu’on a finalement laissés partir pour Dubaï (apparemment, nos voisins sénégalais, ça ne les intéressent pas qu’Alpha dilapide les biens de l’Etat guinéen), il y a eu des précédents. Un opposant a dénoncé récemment que sur les 450 millions de dollars débloqués pour le projet du barrage de Kaléta, Alpha Condé aurait utilisé 350 millions pour spéculer sur les bourses financières.
Les caisses de l’Etat étant gérées de manière très opaques, on ne peut pas le pas croire à cette révélation. On n’en dira pas assez de la gestion calamiteuse des 700 millions de dollars que Rio Tinto avait déboursés pour obtenir l’accord transactionnel pour exploiter le gisement de fer du Simandou. Il y a eu d’autres fonds dilapidés dans le domaine de l’énergie (près d’un milliards de dollars américains) avec comme résultats des émeutes récurrentes contre le manque de courant dans les quartiers de Conakry. Plus de 145 millions de dollars débloqués pour les groupes thermiques avec Asperbras, une société parachutée en Guinée par Alpha Mohamed, l’unique rejeton d’Alpha Condé. Les groupes sont installés mais ne peuvent pas fonctionner parce qu’étant incompatibles avec le réseau d’Electricité de Guinée (EDG).
Des surfacturations ont été aussi dénoncées au niveau du Fonds d’Entretien Routier (FER) et du Ministère des Travaux Publics. Sans suite. Des magouilles sont décelées dans l’octroi des contrats miniers à des sociétés écrans largués en Guinée par le fils d’Alpha Condé et par certains gros bonnets comme Bernard Kouchner, Tony Blaire, Georges Soros et Bolloré. Des sociétés pétrolières parrainés par le fils du Président ont aussi réussi à avoir le monopole de l’exportation des hydrocarbures et produits pétroliers en Guinée, en déboulonnant Total et en écrasant les petits distributeurs locaux comme Kebo Energy, TMT, etc.
Et vint Ebola !
La fièvre hémorragique à virus Ebola sévit en Guinée, selon des experts, depuis novembre 2013. Malgré l’alerte de certaines ONG et des spécialistes des maladies tropicales, les autorités auraient préféré parler d’abord de maladie mystérieuse puis de fièvre Lassa. Il a fallu attendre le mois de mars 2014, alors que plusieurs villageois de Guéckedou et Macenta auraient succombé suite à cette « mystérieuse maladie »pour qu’on parle d’Ebola.
Au lieu de prendre la maladie à bras-le-corps, le pouvoir qui voulait s’attirer les grâces des sociétés minières, a préféré faire profil bas. Même les chiffres concernant les morts d’Ebola, les contacts et autres malades sont revus à la baisse. Quand l’OMS et MSF s’inquiètent et sonnent l’alarment, Alpha Condé est le premier à les critiquer. Le Comité de crise qui s’occupe de la maladie est surveillé à la loupe. La consigne est simple : il ne faut pas paniquer les bailleurs de fonds et investisseurs. Mais comme le dit l’adage, si quelqu’un te cache son malade, cueille des branches pour l’attendre à la porte du cimetière. Alpha Condé et son système ont été rattrapés à nouveau par leurs erreurs.
A ce niveau également, il a fallu attendre qu’il aille aux Etats-Unis d’Amérique, pendant que des Guinéens mourraient d’Ebola, pour qu’Alpha Condé soit forcé à s’intéresser à Ebola. Mais le Président Guinéen n’est pas totalement convaincu. Mercredi dernier, il a rassemblé les diplomates, représentants d’institutions internationales, organisations impliquées dans la lutte contre Ebola et compagnies aériennes, pour plancher autour d’Ebola. Il a voulu faire rigoler son auditoire, mais personne n’a ri. Parce qu’eux, ils savent que la situation est grave, très grave.
Alpha Condé et Lounceny Fall ont fait le plaidoyer afin que les diplomates rendent compte de la réalité d’Ebola en Guinée. Il s’est offusqué de constater que les médias peignent tout en noir. Pourtant, rigole-t-il, les guinéens ne sont pas calfeutrés chez eux. Il promet de faire envoyer des journalistes ivoiriens et sénégalais pour constater eux-mêmes que tout va bien en Guinée. Qu’aucun sénégalais ou ivoirien n’a contacté Ebola en Guinée. Qu’aucun guinéen, ajoute Alpha Condé n’a transporté Ebola dans un autre pays.
Malheureusement, le Président guinéen et son ministre des Affaires Etrangères n’ont pas été entendus. Le Sénégalais a fermé jeudi dernières ses frontières (terrestres, aériennes et maritimes) avec la Guinée. Le lendemain, c’est Abidjan qui a emboîté le pas à Dakar en fermant ses frontières terrestres avec la Guinée.
Auparavant, la Guinée-Bissau, le Libéria et la Sierra Leone avaient fait le même pas. Si aujourd’hui le Mali n’a pas fermé ses frontières, c’est parce qu’il est alimenté en grande partie via le Port Autonome de Conakry. Des compagnies aériennes comme Emirates, Asky, Air Côte d’Ivoire, Sénégal Airlines ont cessé de desservir la Guinée. Les Etats-Unis, la France, la Grande Bretagne et l’Allemagne ont déconseillé à leurs ressortissants de se rendre en Guinée. Les pèlerins guinéens n’iront pas cette année à la Mecque. Le Kenya, l’Afrique du Sud et plusieurs autres pays refusent d’accueillir des avions en provenance de la Guinée et même ayant à leurs bords des guinéens. Partout, comme le disait l’opposant Faya Millimono, les guinéens sont pestiférés. « Nous sommes devenus des parias dans le monde », se révolte-t-il.
Aujourd’hui, tous les voyants économiques du pays sont au rouge à cause de l’épidémie Ebola. Les activités sont au ralenti. Les hôtels et lieux d’attraction touristiques sont presque vides. La pauvreté ne fait que s’aggraver dans un contexte politique pourri par le blocage du dialogue politique et la fuite en avant de la CENI.
L’opposition fâchée contre la CENI et le pouvoir !
Le malheur des uns, faisant le bonheur des autres, la CENI a attendu que l’opposition guinéenne suspende son meeting du 11 Août dernier pour cause d’Ebola, pour poser des actes. Elle aura même franchi le Rubicon en procédant au recrutement d’un consultant pour les élections communales et d’un opérateur pour remplacer Way-Mark/Sabary Technology. Une véritable fuite en avant que l’opposition guinéenne n’est pas prête à se laisser faire avaler.
L’opposition républicaine et celle extraparlementaire ont boycotté en début de semaine une rencontre de la CENI qui consistait à les informer des dispositions mises en place pour l’organisation des élections communales et la correction du fichier électoral.
L’opposant a rétorqué qu’elle va demander une recomposition de la CENI qu’elle soupçonne d’être de mèche avec le pouvoir pour l’organisation d’élections truquées. Elle pense que les deux sociétés choisis par la CENI pour la consultation en vue du recrutement de l’opérateur devant gérer le fichier électoral pour la présidentielle de 2015 et la correction du fichier électoral sont des clones du couple Way-Mark/Sabary Technology.
La Guinée s’achemine ainsi vers un autre bras de fer politico-politicien dont l’épicentre n’est autre que la CENI.