Patrimoine Bâti Public : Les dessous de la grogne des travailleurs !

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CONAKRY,12 MAI 2014- Le 08 mai dernier, des employés de la Direction Générale du Patrimoine Bâti Public ont débrayé contre les nouvelles dispositions imposées par Jonas Mukamba Kadiata Diallo, le nouveau Directeur. Il a fallu l’intervention du Général Baldé, Haut Commandant de la Gendarmerie pour les calmer.  

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Tout est parti d’un communiqué du Patrimoine Bâti qui «rappelle à tous les locataires des bâtiments de l’Etat à usage d’habitation, commercial ou professionnel de la zone spéciale de Conakry que les charges locatives doivent être versées en espèces, chèque ou virement au compte N°4191885 intitulé recette locative ouvert dans les livres de la Banque Centrale de la République de Guinée, soit au guichet ouvert dans les locaux de la Direction Générale sous la Responsabilité du Régisseur de la Direction ».

Une grogne, sous la tutelle de la Présidence de la République ?

Le Patrimoine Bâti public était devenu une mangeoire pour certains cadres (en bois) tapis au Palais Sékhoutoureya. Dr.Mohamed Diané, le ministre d’Etat, Directeur de Cabinet de la Présidence serait parmi les bénéficiaires. Il aurait même souhaité qu’un des leurs soit nommé au Patrimoine, lorsque Moustapha Naïté a été nommé ministre de la Jeunesse et de l’Emploi Jeunes. C’est contre toute attente qu’Alpha Condé a nommé Jonas Mukamba Kadiata Diallo.

M.Alpha Grimpeur, qui était au courant des magouilles a driblé tout le monde en nommant Jonas Mukamba Kadiata Diallo. Mais l’équipe de Dr.Diané ne s’avoue pas vaincue. D’où les peaux de bananes qu’elle glisse actuellement sous le fauteuil de Mukamba. Comme il fallait s’y attendre, les cadres du Cabinet de la Présidence ont commencé à lui glisser des bananes. D’où le débrayage du 08 mai.

Dans leur plateforme revendicative les travailleurs disent que depuis sa nomination le 18 février 2014, Mukamba refuse de les rencontrer. Depuis deux (02) semaines, lit-on, tous les « quittanciers » ont été retirés sans formalités aux Gérants immobiliers des cinq (05) Communes de la Capitale lesquels sont nommés dans les fonctions  de recouvrer au profit de l’Etat des loyers issus de la mise en location des logements et des bâtiments à usage commercial et professionnel. 
 De même, les grognards accusent Mukamba  de ne pas respecter l’esprit et la lettre du décret d’Alpha Grimpeur instituant une Commission Nationale d’Assainissement du Fichier de Recensement du Patrimoine Immobilier de l’Etat.

 

La réplique de Mukamba !

 «  En deux mois de gestion, je me suis rendu compte que chaque chef avait un stagiaire avec lequel il gérait les choses sans impliquer les fonctionnaires titulaires. Il y a 55 personnes qui émargent officiellement ici et 26 stagiaires. Mais je n’ai mis personne dehors. Cependant, j’ai mis des dispositions strictes pour éviter les dérapages. J’ai vu ici des reçus de location annotées sur un simple papier par un stagiaire avec le cachet du Directeur Général. J’ai fait stopper l’expulsion manu militari de 4 de nos locataires. Sous mon dos, certains fonctionnaires ont envoyé un huissier et des gendarmes pour expulser des gens à la Cité de Sans Fils. Je suis en train de préparer la structure pour qu’elle marche bien », dénonce Jonas Mukamba Kadiata Diallo.

Le nouveau dirlo dénonce la spéculation faite sur le Patrimoine de l’Etat. « Il y a des magasins de l’Etat qui sont loués à 200 mille GNF mais qui sont sous loués à des millions. Ma mission est de valoriser le Patrimoine Bâti. Sans foncier, il n’y a pas d’Etat. Nous avons des comptes à rendre à l’Etat. En 2009, on avait recensé 27 000 biens publics sur l’ensemble du territoire. Faudrait bien que sache ce que vaut ce stock », annonce Mukamba. Ce n’est pas tout !

Des baux à construction et emphytéotiques ont été signés au nom de l’Etat mais ce dernier ne voit pas la couleur de l’argent.  L’Etat est en train de perdre

Les recettes du Patrimoine se réduiraient comme peau de chagrin. Selon une source proche de Mukamba, pour le dernier trimestre 2014, la commune de Ratoma n’a généré qu’environ 8 millions de Francs Glissants ; celle de Matam, 10 millions ; Kaloum, 20 millions et Dixinn, environ 77 millions de Francs Glissants. Tous les magasins du patrimoine à Conakry-la-proprette n’ont généré qu’environ 125 millions de Francs Glissants. Dire que d’autres magasins sont loués à bas prix et sous-loués à hauteur de plusieurs millions GNF.

Jonas Mukamba dit que le mouvement spontané du 8 mai a été déclenché quand il était malade. «  Je n’ai pas reçu leur plateforme revendicative. Ma porte est ouverte à tout le personnel. Je suis là pour la bonne marche de la structure que m’a confiée le Chef de l’Etat », soutient-il. Il regrette la mise en place d’une coalition pour saper le travail qu’il est en train de faire. «  Je trouve inopportune l’intervention d’un membre du gouvernement dans les affaires d’un service qui relève du cabinet de la Présidence de la République », martèle Jonas. Suivez son regard !

Contre-réplique  

Moustapha Naïté, ancien Directeur Général du Patrimoine Bâti Public, n’est ni de près ni de loin impliqué dans ce mouvement, disent ses proches.  Selon eux, le Patrimoine Bâti Public ne compterait que quelques 1600 locataires. Certains paieraient directement les frais de loyer au niveau du receveur de la boîte, alors que pour d’autres, c’est au niveau du salaire que la coupe est faite pour virer l’argent au Trésor Public. Par an, le Patrimoine ferait 6 milliards GNF de recettes.

Pour ce qui est des baux, on fait remarquer que Naïté ne pouvait signer que des baux commerciaux. Que les baux emphytéotiques et les baux à construction étaient paraphés par le Ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat et que les sous sont directement virés au Trésor Public.

Enfin, pour la gestion déléguée du Patrimoine de la Cité Chemin de Fer retirée à l’homme d’affaire italien Guido Santullo, l’ancienne direction du Patrimoine Bâti  le reconnaît. C’est la société CADES qui gère les choses. Mais elle s’empresse de préciser que les paiements sont faits par chèques barrés qui sont déposés au compte de la Direction à la BCRG. A chaque mois, un rapport comptable est fourni. Le contrat stipulait que la société déléguée à la gestion percevait 6% des recettes.  

 

 

 

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