CONAKRY,18 AVRIL 2014-Entre business, fausses statistiques, volonté réelle du gouvernement de ne pas écorner l’image du pays, l’épidémie d’Ebola continue à tuer en Guinée. Des malades d’Ebola, par peur, se cachent dans les quartiers de Conakry, Guéckédou, Kissidougou et Macenta. Les nouvelles qui nous parviennent ne sont pas rassurantes.Le gouvernement guinéen, déjà très sonné par l’ampleur de l’épidémie, a choisi la loi de l’omerta. On fait comme si c’est fini. Pourtant, le virus Ebola continue sa vague meurtrière.
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Actuellement, les efforts de ceux qui luttent contre Ebola sont beaucoup plus concentrés sur les sous qui entrent. Telle amicale a fait don de tel montant, on en parle. Telle société de téléphonie mobile ou telle entreprise a débloqué de l’argent, ça fait les choux gras des médias. Mais où en sommes-nous dans les statistiques ?
A défaut de toute information officielle, c’est la rumeur qui gagne du terrain. Le Centre médical Sinoguinéen est fermé depuis que des médecins contaminés par des patients malades d’Ebola y ont passé de vie à trépas. Le service des urgences de Donka ne fonctionne pas comme d’habitude, depuis que le Dr.Kaba est décédé d’Ebola. Une cinquantaine de toubibs de se service serait mis en quarantaine. Vingt (25) auraient été testés positifs ! Personne ne pipe mot au sein du gouvernement.
Dans les quartiers, notamment à Simbambossa, plusieurs jeunes vivent aujourd’hui dans la peur. Puisqu’un jeune avec lequel il fréquentait les cafés est actuellement sous surveillance au centre d’isolement de Donka. Dans la famille dudit jeune, il y a eu déjà trois morts d’Ebola. Mais on n’a vu aucun agent de Médecins Sans Frontières ni de l’OMS sur les lieux pour désinfecter le domicile.
A Gueckédou, c’est le préfet en personne qui a sonné l’alarme : il y a eu 9 nouveaux cas suspects dont trois morts. Il a déploré le fait que des villages gardent les malades d’Ebola avec eux et après, c’est la catastrophe.
L’OMS et ses statistiques…
Au 14 avril, le Ministère guinéen de la Santé avait notifié officiellement un total cumulé de 168 cas cliniquement compatibles de maladie à virus Ebola, dont 108 mortels.
Mais, selon l’OMS, le dernier rapport de situation détaillé remonte au 11 avril et décrit 159 cas cliniquement compatibles de maladie à virus Ebola, dont 106 mortels. Les investigations se poursuivent au laboratoire de l’Institut Pasteur de Dakar à Conakry (66 échantillons analysés, dont 39 ont été positifs à la PCR pour le virus Ebola) et au Laboratoire mobile de l’Union européenne (EMLab) qui a mis en place une équipe à Guékédou (55 échantillons analysés/36 positifs). Un total de 71 cas cliniques ont été confirmés en laboratoire (45%), tandis que 34 des cas cliniques restants sont classés comme cas probables et 54 comme cas suspects. Sur les 106 décès (40%), 42 ont été confirmés en laboratoire. Pour certains cas, les analyses ont dû être répétées.
Sur le site internet oms.org, on peut lire ceci : « six districts guinéens ont signalé des patients – Conakry (31 cas, 22 confirmés en laboratoire), Guékédou (95 cas/35 confirmés), Macenta (21 cas/12 confirmés), Kissidougou (6 cas/1 confirmé), Dabola (5 cas/1 confirmé) et Djingaraye (1 cas suspect). La date d’apparition des symptômes chez les derniers cas cliniques suspects identifiés à Conakry et Guékédou était le 10 avril. Un autre cas chez un agent de santé communautaire a été signalé, portant le total à 16 (11 cas confirmés en laboratoire et 5 cas probables).
Onze patients étaient encore hospitalisés le 10 avril tandis que 37 avaient pu quitter l’hôpital. Un total de 941 contacts ont été identifiés depuis le début de l’épidémie; 396 sont toujours en observation médicale tandis que 545 ont pu quitter l’hôpital et ne font plus l’objet d’un suivi.
Les médecins de l’unité d’isolement de l’Hôpital Donka de Conakry enquêtent sur une grappe de cas ayant été en contact lors des funérailles avec un parent décédé le 1er avril d’un paludisme présumé. Deux contacts de ce patient ont été hospitalisés le 12 avril et se sont révélés positifs aux analyses. Un médecin est également lié à cette chaîne de transmission, un spécialiste de médecine interne qui avait pris en charge le patient dont l’échantillon prélevé post mortem s’est révélé positif. Il présente une affection qui possède certaines caractéristiques de la maladie à virus Ebola mais sans signes hémorragiques. La surveillance hospitalière et les procédures de triage et de lutte contre l’infection ont été de ce fait renforcées. La sensibilisation de la communauté et la promotion de pratiques funéraires sans danger se poursuivent ».
Ne pas communiquer sur les morts d’Ebola pour préserver l’image de la Guinée ?
Quand en Afrique du Sud, François Lounceny Fall a déclaré que l’épidémie d’Ebola est sous contrôle en Guinée, beaucoup d’observateurs se sont demandé s’il ne s’était pas trompé de pays. Mais, il ne pouvait pas faire autrement : il est chargé de vendre une belle image de la Guinée à l’étranger. Même s’il faut dire des contre vérités. Voilà pourquoi au lendemain de cette déclaration, la Gambie de Yaya Jammey a interdit l’atterrissage d’avion en provenance de la Guinée, du Liberia et de la Sierra Leone, sur son territoire à cause d’Ebola.
Le gouvernement et ses partenaires (MSF et OMS) ont tendance à beaucoup plus faire de la publicité autour des personnes guéries d’Ebola. On nous pompe l’air en vantant le courage de ceux qui ont survécu à la maladie alors que des milliers d’autres guinéens sont dans les couloirs de la mort. On oublie que de millions d’autres sont menacés par la mauvaise campagne de communication engagée par la Guinée et ses partenaires. Mieux vaut prévenir que guérir, c’est un adage bien connu, non ?
Alors, les guinéens ne veulent pas attendre d’avoir le virus Ebola dans leurs corps pour en être guéri. Ils ne veulent pas être contaminés. Mais quand le business se mélange à l’assistance humanitaire, il y a vraiment un véritable péril en la demeure Guinée. Comme la lutte contre la pandémie du VIH/SIDA, l’épidémie d’Ebola fait l’affaire de certains. Au grand dam des règles d’éthiques humanitaires !