Tibou Kamara et la crise à l’UFDG: « Cellou ne peut plus continuer à se laisser faire et ridiculiser !»

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(Libre Opinion)-«Entre Bah Oury, le fondateur et voudrait à ce titre revendiquer  »une légitimité historique » et Cellou Dalein qui a fait d’une coquille vide qu’était l’UFDG à l’instar de la majorité des partis politiques guinéens une redoutable machine vouée à la conquête du pouvoir. Qui des deux alors est plus légitime que l’autre ? Une question que les militants auront sans doute l’occasion de trancher lorsqu’ils seront consultés prochainement».

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« La liberté politique ne consiste point à faire ce que l’on veut » Montesquieu. 

L’honnêteté intellectuelle et la volonté affichée de chacun d’entre nous de changer la Guinée et les Guinéens pour mettre fin à la malédiction de  »l’impossible progrès » impose certes de dénoncer les tares du pouvoir, mais aussi d’interpeller l’opposition chaque fois qu’elle s’égare et de tancer ses leaders lorsqu’ils déçoivent.

La querelle de leadership engagée à l’UFDG , malgré sans doute Cellou Dalein Diallo qui en est encore et toujours le principal leader, et à cause de la nouvelle posture de Bah Oury -las d’être le premier des seconds- est symptomatique de l’éternel mal guinéen, à savoir la lutte de positionnement et les conflits d’intérêts. 

Car au-delà de la guerre fratricide et absurde pour le contrôle du parti en plein essor et la difficulté manifeste de deux hommes à cohabiter, il y a la culture bien guinéenne du refus de l’ordre et de la discipline et le  » pêché » commun de se croire tous aussi légitimes les uns que les autres et leaders aussi à la fois. 

En clair, personne ne voudrait s’aligner derrière l’autre puisque chacun est convaincu d’incarner jusqu’à la caricature la vérité; tous les leaders d’opinion en Guinée prétendent toujours qu’ils ne valent pas  »moins que l’autre » en trompant, en se trompant à propos de leur poids sur l’échiquier politique et électoral et leur légitimité supposée ou avérée. 

Complexe de supériorité, illusion d’un destin national est le pêché mignon de la plupart de nos politiques !

Aussi et alors que beaucoup de Guinéens se demandent comment se débarrasser de Alpha Condé qui est le mal commun et jettent leur dévolu sur l’UFDG, malgré tout, véritable force de résistance à son régime, voilà que ce parti est confronté à une guerre des égos.

Comment pourrait-il alors prétendre être une alternative crédible et viable si ses responsables se déchirent et dédaignent les statuts et règlements qui les gouvernent ?

Une situation aussi malheureuse et surréaliste dans l’un des plus grands partis du pays crée plus de désaffection encore de la politique et renforcent la conviction chez beaucoup d’électeurs que les politiques sont  » tous pourris », qui plus est, dans une Guinée où il y a la nécessité impérieuse de redorer la blason terni des hommes publics dont l’image et la réputation sont fortement entamées par leur égocentrisme compulsif , leurs erreurs de calcul et de jugement fréquentes.

Et ce n’est pas un climat comme celui prévalant à l’UFDG depuis que Bah Oury a choisi de ne plus se conformer à la ligne et la discipline de son parti qui va réhabiliter les hommes politiques et susciter un regain d’intérêt pour le débat démocratique.

L’UFDG, il n’y a pas si longtemps un parti qui ne comptait pas, depuis qu’il s’est imposé comme une force politique incontournable dans le paysage guinéen, suscite des convoitises en même temps qu’il étale au grand jour des frustrations jusqu’alors contenues. 

Bah Oury qui en a été le fondateur et voudrait à ce titre revendiquer  »une légitimité historique » supporte mal et depuis le début le leadership de Cellou, lui aussi, en droit de s’enorgueillir d’avoir fait d’une coquille vide qu’était l’UFDG à l’instar de la majorité des partis politiques guinéens une redoutable machine vouée à la conquête du pouvoir.

Qui des deux alors est plus légitime que l’autre ? 
Une question que les militants auront sans doute l’occasion de trancher lorsqu’ils seront consultés prochainement.

Une guerre de chefs qui n’a que trop duré 

En attendant, il est évident que Cellou Dalein aujourd’hui s’est imposé comme leader du parti et bénéficie du soutien d’une majorité de militants qui ne font cas de Bah Oury ou ne lui expriment de la sympathie que pour préserver l’unité du parti et garder en son sein la sérénité et la confiance à la veille de l’élection présidentielle.

Une préoccupation qui sans doute explique aussi que  » la main de Cellou tremble » , lorsqu’il s’agit de réprimer les actes d’indiscipline et de défiance à son encontre d’un challenger devenu encombrant et pressé de lui succéder.

A-t-il seulement maintenant le choix? En allant présider le congrès que la direction du parti n’a pas autorisé pour le renouvellement du bureau des sections UFDG de France, Bah Oury, est allé loin dans la guerre larvée avec Cellou Dalein Diallo, en provoquant une crise ouverte au sommet du parti. 

Il offre l’ultime occasion à Cellou Dalein de donner raison à ceux qui dans le parti et au-delà le jugent faible ou de montrer lui qui aspire à diriger le pays que lorsque son autorité est bafouée et son leadership est aussi ouvertement contesté, il est capable de sursaut d’honneur et d’orgueil. 

Au risque de continuer à subir la guerre d’usure déclenchée par l’aile dissidente de son parti et le harcèlement politique et psychologique continue de Bah Oury contre lui, le Président de l’UFDG élu et reconnu est obligé maintenant d’indiquer clairement qui est le chef et de quel coté se trouve la légitimité.

Comme du reste d’autres avant lui , lorsqu’ils ont été confrontés à la même situation, car ce n’est pas la première fois dans l’histoire des nations et la vie des partis qu’un second s’est pris pour le premier, qu’il y a un prétendant à être khalife à la place du khalife sous l’emprise d’une ambition excessive ou précoce.

Chaque fois aussi, les  » surdoués » de la politique ou les candidats  » naturels » ou  »auto-proclamés » ont été  » explosés’ en plein vol par le véritable dépositaire du pouvoir ou le leader défié toujours  » plus légitime et plus fort ». 

Bah Oury, lui aussi, connaîtra-t-il le même sort quand on sait qu’aujourd’hui le rapport de forces lui est très défavorable.

En tout cas, Cellou ne peut plus continuer à se laisser faire et ridiculiser au nom du compromis impossible avec Bah oury comme les faits le démontrent et de l’unité du parti chaque jour fragilisée par les agissements de l’homme qui se veut  » un empêcheur de tourner rond ». 

Cellou doit mettre fin au procès en légitimité que lui intente à la limite du mépris et de l’arrogance Bah Oury, moins pour le punir que rassurer tous ceux très nombreux qui continuent à croire en lui et pensent qu’il fera un bon président pour la Guinée qu’il a le sens de la responsabilité. 

En cela, l’affront de son vice-président; est un test d’autorité pour lui et constitue un vote de confiance avec ses militants et les guinéens, en général; une épreuve de vérité qui déterminera son aptitude à diriger, voire son destin présidentiel qui se joue maintenant et passe aussi malheureusement par régler enfin le  » problème Bah Oury » entré en dissidence quoiqu’il s’en défende.

Tibou Camara, ancien ministre secrétaire général à la présidence

 Avec Guineeinformation

 

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