La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) s’est aujourd’hui inquiétée du sort d’un journaliste qui a fui la Guinée pour préserver sa sécurité. Le journaliste Mandian Sidibé, directeur de la radio privée << Planète Fm >>, émettant de Conakry, la capitale du pays, a été obligé de quitter son pays le 19 novembre 2013 pour préserver sa sécurité physique.
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Le régime du président Alpha Condé, arrivé en novembre 2010 au pouvoir, considère Mandian Sidibé comme un journaliste trop critique, alors qu’une bonne partie de l’opinion publique reconnaît son engagement au service de l’information de qualité pour le public.
La FIJ a retrouvé Mandian Sidibé qui a relaté les circonstances de son départ du pays. Il explique que la radio qu’il dirige, << Planète Fm >>, très écoutée, avait plusieurs fois été attaquée sans que les auteurs
ne soient arrêtés et punis. Le 17 novembre 2013, une nouvelle attaque aurait été programmée. Les forces de sécurité averties n’interviennent pas. Mandian Sidibé utilise la radio pour alerter ses auditeurs du risque qu’il courait. Plusieurs groupes d’auditeurs et de sympathisants se sont spontanément manifestés autour des locaux de la radio. Au même moment, des agents de sécurité privés l’exfiltrent par une porte dérobée. Alors qu’il était déjà parti et que la foule
grossissait, un jeune de 15 ans reçoit une balle perdue et en est mort. La justice profite de cette situation pour accuser Mandian Sidibé de complicité de meurtre. Depuis lors il a fui le pays.
<< Il est clair que de par ses prises de position et son journalisme d’investigation, Mandian Sidibé constituait une cible pour le régime en place >>, a déclaré Gabriel Baglo, directeur pour l’Afrique de la FIJ. << Nous considérons que notre collègue a été obligé de quitter son pays pour assurer sa sécurité. Nous restons également conscients que les autorités veulent l’arrêter et le traduire en justice, mais nous sommes très inquiets car même s’il n’a pas peur d’être arrêté en
attendant que l’enquête suive son cours, son maintien dans les liens de la détention pourrait compromettre sa sécurité physique >>, a ajouté
Baglo.
La FIJ considérant que le principe de la présomption d’innocence devrait prévaloir dans le cas de cette accusation, appelle les autorités de la Guinée à permettre à Mandian Sidibé de regagner sa
famille et de reprendre librement son travail de journaliste. La FIJ appelle également les associations et organisations de défense des droits de l’homme à un grand mouvement d’ensemble pour venir en aide à
Sidibé qui a besoin des avocats des droits de l’homme pour sa défense.
La FIJ salue également l’élan de solidarité en Guinée autour du journaliste et de la défense de la liberté de la presse.
La FIJ a documenté en Guinée une série d’attaques et d’agressions contre les journalistes et les professionnels des médias, et demandé aux journalistes de mettre en place un protocole de sécurité efficace.
Les fermetures d’organes de presse et les menaces physiques de journalistes et de bloggeurs constituent des abus d’autorité, des atteintes à la liberté de la presse, à la liberté d’expression et à la liberté sur Internet.
Les attaques contre les journalistes et les médias en Guinée sont très inquiétantes mais sont restées toutes impunies. Les 1er et 3 mars 2013, les radios privées »Planète FM » et »Renaissance FM » avaient été respectivement attaquées. De même une partie du studio de »Planète Fm » avait été attaquée par balles au moment où un dirigeant de l’opposition y était interviewé. En mai de la même année, le journaliste Nouhou Baldé, Directeur de publication de l’hebdomadaire L’Observateur a reçu des menaces de mort.
La radio privée Baté Fm basée à Kankan, près de 600 Km à l’Est de Conakry, a été saccagée par des partisans du président Alpha Condé mi-août 2013, son directeur
Moussa Diawara, obligé de s’enfuir du pays.