Au théâtre : « Tu m’aimeras », du Koffi Kwahulé assaisonné à la sauce guinéenne !

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CONAKRY, 30 JANVIER 2014- Jeudi dernier, le Centre Culturel Franco-Guinéen a fait salle comble à l’occasion de la représentation de la pièce « Tu m’aimeras », une compilation de texte de l’ivoirien Koffi Kwahulé, mise en scène par Soulay Thia’nguel. Les comédiens Habibatou BAH, Diani Alpha et Moussa Doumbouya ont tenu les amoureux des planchers en haleine. Ils ont su, à leur manière et dans la cruauté des mots et même de la thématique de l’amour et de la mort, restituer les faits.

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Le spectacle commence par des informations en vrac distillés dans un tohu-bohu général. Ceux qui ont les oreilles attentives ont pu reconnaître les voix de Alpha Condé, Jean-Marie Doré, Cellou Dalein Diallo, Dadis Camara, Sékouba Konaté….Et ce n’est pas un hasard. Voilà dans quel environnement se réveilleront les personnages principaux.

«  Tout commence par le sein d’une femme et tout fini par le sein d’une femme », commente un des comédiens. Ils se disputent à cause d’une femme, une sorte d’habituée au viol collectif. Qui n’a plus que son sein dont ils se moquent à offrir.

Parée aux couleurs guinéennes, la symbolique est facile à comprendre : c’est la Guinée qui est violée par les politiciens. C’est la Guinée qui est soumise aux luttes entre les grosses sociétés qui veulent exploiter ses ressources minières.

Le décor, une sorte de cabaret-bordel aux lumières fluorescentes dit tout du reste. La femme dont parlent les deux hommes sur scène est consciente de ce qu’elle représente. Elle n’est pas prête à se laisser « tripoter » à n’importe quel prix. On parle du sexe de la femme, du sexe de l’homme, sans aucune pudeur. 

Pour sortir du gouffre, la femme elle-même est prête à se faire lécher jusqu’aux entrailles. Les mots sont crus et durs. Sur scène, ça passe aussi comme dans les films « X ». Du strip-tease en direct sur les planchers du Centre Culturel Franco-Guinéen. Ceux qui étaient en première ligne, se sont délectés en voyant la sensuelle comédienne sur scène. Les habitué des textes de Thia’nguel, eux, n’en sont pas surpris. Il y a toujours du désir et de la sexualité dans ces textes. Même les plus tranchants. Il aime violer les interdit sur scène.

Mais au-delà de ces scènes de voyeurisme, qu’on voit (ou imagines) selon les narrations des comédiens, c’est le drame du monde entier que se dessine. De la première à la seconde guerre mondiale en passant les attaques du 11 septembre 2001, jusqu’aux massacres du 22 janvier 2007 et 28 septembre 2009, sans oublier la guerre civile en Côte d’Ivoire, que d’horreurs  n’a-t-on pas vues dans la réalité ? Que de femmes violées, massacrées, d’enfants tués ?

« Tu m’aimeras » est une vraie bombe pièce théâtrale qui fait éclater au grand jour les défis de l’Afrique et du monde. A la fin du spectacle, la mort des deux hommes, tués par celle qu’ils qualifiaient de « femme à viol », est certes douloureuse. Mais elle augure un nouveau souffle de liberté pour la femme. Tout commence par une femme et tout se termine par une femme, conclu Habibatou Bah, stoïquement parée dans du Rouge- Jaune et Vert. Et si tout commençait par la Guinée et se terminait par la Guinée ?

Pour rappel, la pièce tu « M’aimeras » a été interprétée par la Compagniue Laborato’ Art. Le texte est issu de la résidence d’écriture de Thia’nguel au théâtre de l’Aquarium à Paris, en sa qualité de lauréat du programme « Visa pour la création 2012 » de l’Institut Français.

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