CONAKRY/TUNIS/ 7 novembre 2013/ — Le Conseil d’administration du groupe de la Banque africaine de développement (BAD) (http://www.afdb.org) a approuvé le projet d’interconnexion des réseaux électriques de Côte d’Ivoire, du Liberia, de Sierra Leone et de Guinée (CLSG). Le financement total du Groupe de la BAD (impliquant le Fonds africain de développement, la Facilité des Etats fragiles et le Fonds spécial du Nigeria) s’élève à 145 millions d’euros, soit 40 % environ du coût total du projet. Cette interconnexion, qui permettra de sécuriser l’approvisionnement en énergie des quatre pays de l’Union du fleuve Mano, sera mise en œuvre entre 2014 et 2017.
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CLSG implique la construction d’une ligne à haute tension (225 kV) de quelque 1 400 km de long pour connecter les réseaux domestiques des quatre pays, de 11 sous-stations électriques et deux postes régionaux de répartition. Dans un premier temps, ce projet structurant permettra au Liberia, à la Sierra Leone et à la Guinée d’importer de l’électricité en provenance de Côte d’Ivoire.
« La Banque est heureuse d’avoir joué un rôle crucial dans ce projet précurseur, qui a ainsi bénéficié de sa connaissance approfondie du secteur de l’électricité en Afrique de l’Ouest et de sa longue expérience en matière de définition et de mise en œuvre de projets régionaux. Notre implication, depuis l’étude de faisabilité, nous a permis de faire les bons choix techniques et de tenir compte de tous les aspects du projet – aux plans environnemental et social notamment. Notre intervention a aussi facilité la mobilisation d’importantes ressources auprès d’autres bailleurs », a expliqué Alex Rugamba, directeur du Département énergie, environnement et changement climatique à la BAD.
Le secteur de l’électricité fait face à de nombreux défis dans les pays de l’Union du fleuve Mano : (a) un faible taux d’électrification ; (b) un déficit dans l’approvisionnement en électricité ; (c) une prépondérance thermique dans le mix énergétique ; et (d) des compagnies nationales d’électricité aux faibles capacités financières et institutionnelles. CLSG devrait améliorer le taux d’accès à l’électricité dans les quatre pays, le faisant passer de 28 % à 33 %, en raccordant à l’électricité 125 villages le long de la ligne à haute tension, 70 écoles, 30 centres de santé et quelque 1 500 petites entreprises artisanales, commerciales et industrielles (dont 25 % gérées par des femmes). Au total, près de 24 millions d’habitants bénéficieront directement du projet, avec un accès à une énergie fiable et à un coût compétitif.
La construction de la ligne formera la dorsale des pays de l’Union du fleuve Mano, l’un des projets prioritaires du plan directeur du Système d’échanges d’énergie électrique ouest-africain, une initiative de coopération qui lie les sociétés d’électricité nationales en Afrique de l’ouest. CLSG est le premier projet de l’initiative de l’Union du fleuve Mano et en a même influencé la structuration. L’idée d’une dorsale électrique a été répliquée dans la conception du projet d’autoroute transafricaine. Le projet a aussi introduit l’idée d’un fonds dédié au renforcement des capacités des Etats fragiles, afin de préparer des projets dans des délais raisonnables.
CLSG compte également une composante dédiée au renforcement des capacités, pour assurer un transfert des connaissances aux structures nationales, et améliorer la gestion des futures interconnexions en Afrique de l’Ouest. Plusieurs études de planification et de faisabilité de centrales hydro-électriques sont aussi prévues afin d’améliorer les échanges d’énergie.
Les pays de l’Union du fleuve Mano sont fragiles et sortent de longues crises socio-politiques. Les faibles investissements dans le secteur des infrastructures électriques ont rendu celles-ci obsolètes, avec pour corollaire un niveau de service très faible. Le coût de la production d’énergie par kWh demeure très élevé dans ces pay, qui affichent des taux d’accès à l’énergie parmi les plus bas au monde (2 % au Liberia et en Sierra Leone, 10 % en Guinée). La construction de cette ligne favorisera le développement du potentiel hydroélectrique de la sous-région, en permettant l’échange d’énergie électrique entre les pays au sein du grand marché ouest-africain et en contribuant ainsi à l’intégration régionale.