CONAKRY,19 JUILLET 2013-Des milices armées sont-elles impliquées dans les violences survenues à N’zérékoré et dans d’autres préfectures de la région forestière depuis le lundi dernier ? Oui! Estime le parti “Bloc Libéral“ de Dr Faya Millimono. Dans une déclaration rendue publique ce 18 juillet, le Bloc Libéral invite le gouvernement à tout mettre en oeuvre pour se débarrasser des groupes armés qui perturbent la paix et la quiétude sociale.
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!
Le Bloc Libéral (BL) est vivement préoccupé par la situation sécuritaire qui prévaut dans la préfecture de N’Zérékoré, en particulier, et dans la région forestière, en général. Cette préoccupation fait suite à l’incident qui a couté la vie à deux personnes dans la nuit du 14 au 15 juillet, 2013 à Koulé, une Sous-préfecture située à 42 km de la ville de N’Zérékoré. Les versions sur les circonstances réelles de l’incident qui a débouché sur des affrontements meurtriers entre les communautés Kpèlè et Konianké dans la ville de N’Zérékoré et dans d’autres villes de la région forestière telles que Beyla et Yomou, restent non seulement diverses mais contradictoires selon les sources. En effet, certaines sources redoutent les manipulations politiciennes pour des raisons encore inconnues. D’autres dénoncent l’indifférence des forces de défense et de sécurité face aux atrocités dont sont victimes les populations civiles ; ce qui implique la responsabilité de l’Etat. Quoiqu’il en soit, la lente et tardive réaction des forces de défense et de sécurité à ces violences inter-communautaires, alors que N’Zérékoré abrite un camp militaire et plusieurs services de sécurité, et l’indifférence manifeste du Président de la République qui ne s’est contenté que de faire une déclaration sur les antennes des médias d’Etat en appelant au calme au lieu de se rendre lui-même sur les lieux ou dépêcher un ou des membres de son gouvernement, confirment les critiques et les désespoirs de la population civile par rapport à la capacité du pouvoir actuel de Conakry à protéger ses citoyens. Pour notre part, cet incident malheureux qui a jeté le feu aux poudres, interpelle la responsabilité de chaque citoyen dans la préservation de la paix et de la concorde entre les Guinéens sur toute l’étendue du territoire national.
Les conséquences de l’incident ont atteint des proportions inquiétantes : des dizaines de morts et plusieurs centaines de blessés, selon les sources hospitalières, des dégâts matériels importants, des lieux de culte (mosquées et églises) détruits, des symboles moraux attaqués (l’exemple du Patriarche de N’Zérékoré), des manipulations ethniques etc.
Plus grave, le Bloc Libéral a appris avec inquiétude, l’implication des milices et des groupes armés qui ont combattu dans la guerre civile du Liberia et qui n’ont jamais été, à proprement parler, désarmés, dans les violences qui ont cours maintenant en région forestière. Ces milices et ces groupes armés, faut-il le rappeler, ont été à l’origine de l’attaque contre la Guinée aux frontières Sud et Sud-Est de septembre 2000 à mars 2001.
Le Bloc Libéral condamne tous les actes de violence, lance un appel au calme et à la préservation de la paix et invite les autorités à tous les niveaux à prendre toutes les dispositions pour restaurer l’ordre et assurer la sécurité des populations civiles. Il condamne particulièrement l’attaque du domicile du patriarche de la ville de N’Zérékoré et des lieux de culte, qu’il considère comme une provocation de nature à envenimer davantage la situation déjà difficile dans cette région qui payé et paye encore le lourd tribut des conséquences des guerres dans la sous-région (Libéria, Côte d’Ivoire, Sierra Leone) avec le poids des réfugiés, de la circulation des armes légères et petits calibres mais surtout des éléments de l’ULIMO et de LURD, factions rebelles qui combattaient le pouvoir de Charles Taylor.
Le Bloc Libéral tient à rappeler à tout un chacun que nul ne peut se rendre justice. Il tient aussi à rappeler que le principe de la responsabilité individuelle veut que chaque individu réponde de ses actes, mais uniquement de ses propres actes. Dans la République qu’il ambitionne, nul n’est punissable qu’en raison de son fait personnel. Autrement dit, les fautes des pères ne doivent pas être imputées à leurs enfants, et vice versa. Les fautes étant personnelles, il est contraire aux valeurs humaines ainsi qu’à la justice et même à la société de punir quelqu’un pour des crimes commis par un autre, fût-il son père, son fils, sa femme ou son parent. Or, c’est exactement ce qui se vit encore aujourd’hui en République de Guinée sous les yeux de l’humanité toute entière.
Le Bloc Libéral invite la classe politique guinéenne, les acteurs sociaux, les opérateurs économiques, les autorités à tous les niveaux et la communauté internationale à prendre en compte le schéma de réconciliation nationale proposé dans sa Feuille de Route pour un Nouveau Régime Politique en Guinée. Ce schéma de réconciliation nationale comprend deux démarches complémentaires : une démarche de réapprentissage du « Vivre Ensemble », et celle d’établissement de la vérité et de la justice en vue d’ouvrir la voix à une véritable réconciliation nationale permettant d’aboutir à la construction d’une vraie Nation.
Le Bloc Liberal invite enfin les autorités gouvernementales à mettre tout en œuvre pour débarrasser le territoire national des milices et des groupes armés, qui n’appartiennent pas aux forces de défense et de sécurité régulières d’une République.
Compte tenu des soupçons de partialité et de complicité qui pèsent sur certaines autorités, le Bloc Libéral exige la mise en place d’une commission d’enquête internationale indépendante pour faire la lumière sur l’incident ainsi que sur ses conséquences.
Fait à Conakry le 18 Juillet, 2013
Le Bloc Libéral