Mines: Global Alumine, qui a un projet de raffinerie d’alumine à Sangaredi, aurait décidé de quitter la Guinée !

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La PME canadienne Global Alumina qui avait un ambitieux projet de construction d’une usine d’alumine d’une capacité de 3,3 millions de tonnes par an au coût de 5,2 milliards de dollars à Boké dans la zone inexploitée par la CBG vient de jeter l’éponge et quitte la Guinée après 15 ans d’efforts.

Dans un communiqué rendu public cette semaine et dont Guinéenews a eu lecture, Global Alumina annonce avoir signé un accord de vente de tous ses actifs dans le projet de rafinerie de Boké à DM GAV Ltd, une filiale de Mudabala et Dubal Alumina qui étaient aussi actionnaires minoritaires avec BHP dans le projet. La transaction est de 38 millions dont 2 millions immédiats pour payer les dettes de Global et le reste une fois que le gouvernement guinéen aura approuvé la transaction.

Venue en Guinée en 1998 sous le nom de Gapco, la PME canadienne Global Alumina se heurtera à une résistance farouche des géants Rio-Tinto-Alcan, Alcoa qui contrôlent le riche gisement de Sanagaredi/Boké via la CBG et qui depuis 45 ans exportent de la bauxite brute et refusent avec tous les stratagèmes possibles de transformer la bauxite guinéenne en alumine ou en aluminium en Guinée et créer une valeur ajoutée. Bruce Wrobel et Karim Karajian les entrepreneurs qui ambitionnaient de vouloir construire la deuxième usine d’alumine en Guinée ne verront donc pas leur rêve se réaliser cette fois.

Global Alumina – en quête de capital vendra en mai 2007 le projet pour 260 millions au géant BHP qui pour des raisons de planification stratégique va «tuer» le projet industriel qui était pourtant le plus proche d’être réalisé en Guinée depuis Fria en 1960. Et ce geste BHP le fera sans état d’âme malgré que les études de faisabiltés terminées en 2008 avant la crise confirmaient la viabilité du projet. En refusant de soutenir le projet, BHP a sonné le glas à Global Alumina qui perdait de l’argent et n’avait plus le choix que de vendre.

Selon un spécialiste interrogé par Guinéenews, malgré l’apparente mauvaise nouvelle, d’un autre départ d’investisseurs de la Guinée, un espoir persiste: Dubal et Mudabala veulent pénétrer le marché de l’alumine pour pouvoir ravitailler indépendemment leur raffineries d’aluminium. Pour cela les compagnies du golfe persique recherchent frénétiquement une certaine indépendance des majors en construisant leur propres raffineries d’alumine. Mais pour compliquer les choses, le président Alpha Condé à autorisé Dubal et Mudabala d’obtenir un “take-off” de bauxite brute de la CBG pour leur projet d’aluminerie à Dubai. Alors que selon les critiques, il aurait fallu au contraire les enticer à construire l’usine de transformation de bauxite en alumine voire en aluminium en Guinée même. Avec le départ de Global Alumina et BHP, l’occasion serait bonne de relancer cette initiative auprès des arabes qui ont quand même les ressources financières qui ont si cruellement manqué à Global de construire une aluminerie sur la concession de Boké. Il est important selon les spécialistes de revoir ou conditionner l’accord de la vente de bauxite de la CBG à Dubal par un engagement ferme avec des dates butoires de realiser une aluminerie. Sinon, affirment ces spécialistes, Dubal et Mudabala n’auront aucun intérêt à construire une raffinerie d’alumine à Boké et risquent de géler la concession comme le font les autres majors miniers en Guinée.

Mais dans le court terme, remarque ce spécialiste, le départ de Global Alumina va entrainer une perte d’emplois, car malgré tout, plusieurs travailleurs Guinéens et communauté villageoises de la région de Boké bénéficiaient directement des retombés économiques de Global Alumina sous forme de contrats de sous traitance, d’emplois, de salaires, d’actions sociales etc…. A cela il faut ajouter la fermeture de l’usine de Fria par Rusal (curieusement récompensé par le pouvoir en lui donnant Dian Dian, un riche gisement de bauxite) que plusieurs spécialistes pensent que Rusal ne rouvrira pas avant longtemps sinon jamais tuant toute une agglomération industrielle. Tout cela reste de mauvaise augure pour les attentes d’opportunités d’emplois décents promis par le pouvoir aux Guinéens.

Boubacar Caba Bah  (Guineenews)
Orangeville, Canada

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